Quatre enterrements et un mariage
De Mattieu Noli
Bienvenue chez les Kerniguet !
Voici Christobal, le père, aventurier raté, homme d'affaires calamiteux, sculpteur obscène et mari infidèle.
Et puis ses trois fils : Ronan, l'aîné, arrogant et dominateur; Paul, le puîné, informaticien bretonnant à la digestion
difficile et enfin Archibald, journaliste indécis aux tentations multiples.
Voilà Tina et Gwen, les épouses de Ronan et de Paul, qui s'observent en chiennes de faïence. Sans oublier Odin,Thor et
Mirabelle, la troisième génération, disloquée et dégingandée, d'où viendra pourtant le salut.
Enfin voilà Isadora, la soeur de Christobal, qui vit avec une douzaine de matous atrabilaires et se passionne pour les
vies antérieures.
Tout ce petit monde s'agite, se surveille, se dispute et se réconcilie enfin dans une comédie échevelée, qui est en même
temps une satire clairvoyante et déjantée d'une époque où le consternant le dispute au ridicule, une époque finalement plus bourgeoise que décadente.
Matthieu Noli a 40 ans.
Après avoir exercé un grand nombre de métiers du Morbihan à La Paz en passant par Buenos Aires, il est revenu en France
en l'an 2000.
Journaliste, il travaille au sein des éditions régionales d'un hebdomadaire parisien et pratique avec bonheur le
cabotage urbain.
Le monde d'Hannah
de Ariane Bois
Hannah, 8 ans, vit dans le " Petit Istanbul ", un quartier populaire du XIe arrondissement, qui rassemble une
communauté judéo-espagnole joyeuse et attachante. Un jour, dans la rue, elle rencontre Suzon, 9 ans. Malgré tout ce qui les oppose, l'amitié est immédiate, passionnée. Mais nous sommes en octobre
1939. Hannah et sa famille sont des juifs venus de Turquie.
La famille de Suzon est originaire de la Creuse.
Après l'engagement volontaire de son père contre les Allemands, Hannah découvre les alertes, le marché noir,
l'exclusion, les expropriations, les menaces, les interdictions.
Elle est bientôt contrainte de fuir dans une pension catholique en Normandie, puis, après la succession des rafles à
Paris, de rejoindre Istanbul en train, avec sa mère, grâce à la nationalité turque de son père.
A leur retour à Paris, en 1945, c'est un nouveau déchirement. Le père d'Hannah et ses grands-parents ont disparu. Tout
le quartier est décimé. Hannah veut croire que son père a échappé à la déportation, et seule la présence de Suzon apaise son désespoir.
Les années passent. Les deux jeunes filles grandissent, puisent de la force l'une dans l'autre, restent inséparables,
tout en prenant des chemins différents. Hannah choisit de faire des études de journalisme ; Suzon préfère les plaisirs et les fêtes, les aventures faciles.
C'est alors qu'Hannah découvre un secret si choquant, si brutal, qu'il mène à une rupture avec Suzon et sa famille.
Engagée à France-Soir, elle devient l'une des premières femmes grands reporters et sillonne le monde. Jusqu'en mai 68,
où le destin permettra à Suzon et Hannah de se retrouver.
D'une sensibilité et d'une sobriété poignantes, ce roman nous parle de la puissance miraculeuse des amitiés qui
traversent le temps. Et de la force inouïe que les " survivants " durent trouver en eux pour se reconstruire, surmonter l'absence des disparus.
Ariane Bois est grand reporter au sein du groupe Marie-Claire, spécialisée en sujets de société et critique littéraire
pour les magazines Avantages et Service littéraire. Diplômée de l'Institut de sciences-politiques de Paris et de l'université de New-York en journalisme, elle a également écrit une thèse
d'histoire sur la résistance juive.
L'encre de la mélancolie
de Jean Sratobinski
« À la fin d’une période où j’ai été médecin (1957-1968) à l’hôpital psychiatrique de Cery, près de Lausanne, il m’avait semblé opportun de jeter un regard sur l’histoire millénaire de la mélancolie et de ses traitements. L’ère des nouvelles thérapeutiques médicamenteuses venait de s’ouvrir.
Après une licence ès lettres classiques à
l’université de Genève, j’avais entrepris en 1942 des études conduisant au diplôme de médecin. La double activité
médicale et littéraire se prolongea au cours des années 1953-1956 passées à l’Université Johns Hopkins de Baltimore.
Je relate ces diverses étapes de mes jeunes années pour dissiper un malentendu. Je suis souvent considéré comme un
médecin défroqué, passé à la critique et à l’histoire littéraire. À la vérité, mes travaux furent entremêlés.
L’enseignement d’histoire des idées qui me fut confié à Genève en 1958 s’est poursuivi de façon ininterrompue sur
des
sujets qui touchaient à l’histoire de la médecine, et plus particulièrement de la psychopathologie. »
Ce livre reprend la thèse de Jean Starobinski, merveilleux texte d’histoire de
la littérature, et propose d’éclairer les figures prises par la mélancolie au cours des siècles, les formes dans
lesquelles la souffrance psychique a été interprétée.
Elle fut liée à d’anciens mythes, à toute une imagination matérielle (la bile noire, sèche et froide), à la spéculation astrologique, à divers systèmes médicaux qui ont laissé jusqu’aujourd’hui d’innombrables traces dans les littératures et les arts.
Jean Starobinski est professeur honoraire à l’université de Genève,
membre de l’Institut de France.
Il a publié dans la même collection Action
et réaction. Vie et aventures d’un couple (1999) et Les Enchanteresses (2005).