Découvrons cet auteur suédois à succès.
L'homme a une sacrée réputation.
On le dit rugueux, ours mal léché, on dit qu'il déteste être interrompu, qu'il peut se lever au beau milieu d'un dîner,
il fuit les mondanités tout autant qu'il abhore les bavardages.
Mais on dit aussi que Henning Mankell est toujours là où on ne l'attend pas.
Il est très impressionné par l'ampleur de son succès et émerveillé par ses lecteurs.
Ces lecteurs se comptent par millions de par le monde.
Les enquêtes de l'inspecteur Wallander sont traduites dans 27 langues!
Le crime est le miroir de la société, aime rappeler Mankell.
Elle a fait comme certains hommes, elle est juste partie. Et elle n'est jamais revenue. "Enfin, longtemps après,
j'avais 15 ans. Mais cela ne m'a rien fait, d'ailleurs quand elle est morte, je ne suis même pas allé à son enterrement."
Elle, c'est la mère de Mankell, la femme sans nom. À son évocation, la voix de l'auteur est montée dans les aigus, son
regard s'est durci, approchons-nous la faille de Mankell?
Mère absente, mère de substitution. Non, ce serait trop simple, Mankell préfère se la créer. "Elle était dans ma
tête, posant des limites, des règles. C'est cela que je voulais."
Une autre femme, sa grand-mère, lui a appris à lire, dit-il, de "façon quasi érotique". Seul le père, juge de
métier, compte aux yeux du romancier.
Ce père qui lui chipait ses petites voitures pour ses démonstrations, dans la salle du tribunal, située au-dessus de
l'appartement familial. "J'ai beaucoup aimé mon père", avoue encore aujourd'hui, Mankell à 65 ans.
"Un pied dans la neige, l'autre dans le sable"
"J'ai un pied dans la neige, l'autre dans le sable, répète-il souvent pour expliquer qu'il partage sa vie entre la Suède et
le Mozambique.
L'Afrique m'a aidé à devenir un meilleur Européen. J'ai pu ainsi prendre de la distance. Notre système politique (la
démocratie) est le meilleur mais il est fragile.
Attention, aujourd'hui, l'Europe parle beaucoup mais n'écoute pas. Elle n'écoute pas les voix de l'Afrique, elle
n'écoute pas les voix du monde." Henning Mankell a beau écrire des polars, il est un écrivain engagé, un être en colère et indigné.
La parole, l'homme en est avare. Mais les mots, ceux qui trottent dans sa tête, ceux qu'il couche sur du papier,
n'importe où, n'importe quand, il ne peut s'en passer.
Question de survie.