Wallander, c'est un peu Mankell
Comme sa mère, Henning Mankell est parti.
Un jour, il a quitté sa Suède natale pour se rendre en Afrique, à Maputo, au Mozambique.
"J'avais l'impression de rentrer chez moi."
Il a laissé son "chez lui", en Suède, une femme et quatre enfants.
Il monte une troupe de théâtre et il écrit. Beaucoup.
Tandis que l'aventure africaine continue, il se décide un jour à rentrer en Suède, et réalise que le racisme et la xénophobie ont infiltré le pays.
Il crée alors le personnage de Kurt Wallander. Nous sommes en 1989.
Wallander, bien sûr, son héros emblématique, l'inspecteur au centre de neuf romans. Wallander, c'est un peu Mankell, forcément.
Kurt est aussi sombre que Henning. Kurt combat le crime, Henning milite pour les droits de l'homme,
épouse le sort de l'Afrique.
L'écrivain a dû s'y résoudre : il a tué Kurt Wallander.
Il en a avait assez de ce double littéraire encombrant.
Mais l'énorme succès, inattendu, est venu des Chaussures italiennes, un roman sans meurtre et sans Wallander.
Cinq cent mille exemplaires vendus, et c'est aux Français qu'il le doit."
Elles tombent à point nommé, ces Chaussures italiennes! Mankell veut s'affranchir de l'univers du polar social de Sjöwal et Wahlöös.
Aujourd'hui, il partage toujours sa vie entre la Suède et l'Afrique.
Il a ajouté Antibes, en France. Le pays de la raison, le pays où il est devenu homme et écrivain.
La boucle est bouclée.