Médicis Etranger 2012
Yaïr Mozes, célèbre réalisateur israélien au crépuscule de sa vie, est convié à une rétrospective en son honneur à
Saint-Jacques-de-Compostelle.
Trois jours durant, en compagnie de Ruth, l'actrice aujourd hui malade qui fut jadis sa muse et la cause de sa rupture avec son scénariste
de toujours, le génial et ténébreux Saül Trigano.
Il revoit ses oeuvres de jeunesse. L'épreuve est troublante pour le vieil homme qui croyait, jusqu alors, avoir fait
le deuil paisible de ses émotions.
À mesure que les souvenirs affluent, au rythme des images qui se succèdent à l'écran, Mozes est forcé de reconsidérer
toutes ses certitudes : sur sa propre existence, son art, son amitié pour Trigano, son amour inavoué pour Ruth...
Au coeur de ce voyage dans le passé, un énigmatique tableau, accroché au-dessus du lit que Mozes et Ruth partageront
chastement lors de ce séjour en Espagne : une Charité romaine, où l'on voit une jeune femme allaiter un vieillard emprisonné.
Pourquoi ce tableau bouleverse-t-il Mozes ? Et pourquoi l'actrice semble-t-elle s'obstiner, elle, à ne pas même le
remarquer ?
Qui écrit le scénario de nos existences ? Et si la vie n est qu'un songe, peut-on in extremis en corriger les erreurs,
les faux raccords, tel un film sur une table de montage ?
Dans ce roman pétillant d'intelligence et d'une majestueuse mélancolie, l'un des plus grands écrivains israéliens
scrute l'âme d'un homme qui se demande « comment ne pas renoncer au désir pendant le peu de temps qui nous reste ».
Avraham B. Yehoshua, né en 1936 à Jérusalem, est l’un des chefs de file de la littérature israélienne
contemporaine.
Très engagé en faveur du processus de paix israélo-palestinien, il a participé à l'Initiative de Genève.
Ses livres, traduits en 28 langues, lui ont valu de nombreuses récompenses littéraires, notamment le prestigieux Grand
Prix de littérature d'Israël pour l'ensemble de son œuvre en 1995.
Renaudot 2012
Au Rwanda, un lycée de jeunes filles perché sur la crête Congo-Nil, à 2 500 mètres d'altitude, près des sources du
grand fleuve égyptien.
Les familles espèrent que dans ce havre religieusement baptisé Notre-Dame du Nil, isolé, d'accès difficile, loin des
tentations de la capitale, leurs filles parviendront vierges au mariage négocié pour elles dans l'intérêt du lignage.
Les transgressions menacent au cœur de cette puissante et belle nature où un rigoureux quota «ethnique» limite à
10 % le nombre des élèves tutsi.
Sur le même sommet montagneux, dans une plantation à demi abandonnée, un «vieux Blanc», peintre et anthropologue
excentrique, assure que les Tutsi descendent des pharaons noirs de Méroé. Avec passion, il peint à fresque les lycéennes dont les traits rappellent ceux de la déesse Isis et d'insoumises reines
Candace sculptées sur les stèles, au bord du Nil, il y a trois millénaires. Non sans risques pour sa jeune vie, et pour bien d'autres filles du lycée, la déesse est intronisée dans le temple
qu'il a bâti pour elle. Le huis clos où doivent vivre ces lycéennes bientôt encerclées par les nervis du pouvoir hutu, les amitiés, les désirs et les haines qui traversent ces vies en fleur, les
luttes politiques, les complots, les incitations aux meurtres raciaux, les persécutions sournoises puis ouvertes, les rêves et les désillusions, les espoirs de survie, c'est, dans ce microcosme
existentiel, un prélude exemplaire au génocide rwandais, fascinant de vérité, d'une écriture directe et sans faille.
Scholastique Mukasonga est née en 1956 au Rwanda dans une famille appartenant à l'ethnie Tutsi.
Elle vit et travaille actuellement en Basse-Normandie.
Elle a déjà publié aux Éditions Gallimard:
Inyenzi ou les cafards (Continents Noirs, 2006), La femme aux pieds nus, prix Seligmann " contre le racisme,
l'injustice et l'intolérance " (Continents Noirs, 2008, Folio mars 2012), L'iguifou. Nouvelles rwandaises, prix Paul Bourdarie de l'Académie des Sciences d'Outre-Mer (Continents Noirs,
2010).